VOVINAM VIET VO DAO, L’ART MARTIAL DISCRET QUI SÉDUIT
Peu connu du grand public, le Vovinam Viet Vo Dao s’impose à Bordeaux comme un art martial complet. Découverte avec Maître Van Nhu.
Il est dans son élément. Reconnu à l’échelle nationale, Maître Van Nhu transmet le Vovinam Viet Vo Dao à Bordeaux avec rigueur, humilité et engagement.
À 47 ans, il est l’un de ces enseignants dont l’autorité naturelle repose sur une intransigeance tranquille et une fidélité absolue de son art. Né à Paris de parents vietnamiens, il grandit sans savoir qu’il porte en lui une tradition familiale séculaire. C’est lors d’un voyage en 1999, chez son grand-père, qu’un oncle lui révèle que tous les hommes du côté maternel sont maîtres d’arts martiaux. L’héritage s’impose alors comme une évidence : il poursuivra cette voie.
Sa formation s’ancre profondément au Vietnam, où il s’y rendra dix fois, dont deux séjours d’entraînement intensif. Là-bas, les journées commencent à 5 heures et s’achèvent à 21 heures. « Une semaine d’entraînement en France équivaut à une journée au Vietnam », confie-t-il. Ces périodes marquantes forgent son exigence et son sens de l’effort, mais aussi une humilité qu’il considère essentielle pour progresser.
Installé en Gironde à Bordeaux, Maître Van Nhu a ouvert progressivement sept clubs. Ce développement est avant tout un moyen de transmettre l’art au plus grand nombre. Il enseigne bénévolement, sans aucune aide financière, vivant sa pratique comme une responsabilité morale. Il compare d’ailleurs son engagement à celui de parents qui, même malades, continuent de nourrir leurs enfants. « Quoi qu’il en coûte », il honore ses cours.
Sa pédagogie est à son image, exigeante, mais profondément bienveillante. Il explique patiemment chaque mouvement, prend le temps de corriger les pratiquants et encourage ses élèves à « aider leur prochain ». Le maître veille à ce que tout le monde trouve sa place, du plus jeune au plus expérimenté, et rappelle que chacun doit « se transmettre soi-même » autant que transmettre la pratique.
Sa famille partage cet engagement, sa femme détient également le grade de maître et sa fille pratique le viet, prolongeant une tradition enracinée sur plusieurs générations.
Respecté, parfois intimidant par sa rigueur, il reste profondément accessible, souriant, toujours prêt à transmettre et à encourager son art.
Le Vovinam Viet Vo Dao est ainsi né au Vietnam dans un contexte d’invasions successives. Cet art martial a été conçu pour permettre à chacun de se défendre. Il combine techniques de combat, self-défense, maîtrise du corps et développement de l’esprit. En France, on le distingue souvent du sport. Là où ce dernier suit un calendrier saisonnier et mène vers des carrières nationales ou internationales, l’art martial privilégie un apprentissage profond, continu, où la progression personnelle compte autant que la performance.
Au JSA de Bordeaux, l’atmosphère frappe dès l’entrée sur le tatami : salut obligatoire, silence, alignement précis des pratiquants. Le rituel rythme chaque séance et rappelle l’importance du respect, de la concentration et du cadre. Les élèves attendent les consignes en ligne, mains jointes, sans bavardages ni interruptions.
La tradition occupe une place essentielle. Les murs affichent les portraits des fondateurs des arts martiaux enseignés dans le club, devant lesquels les élèves s’inclinent au début et à la fin de chaque cours. Cette importance donnée aux ancêtres, très ancrée en Asie, nourrit l’identité du Vovinam autant que la technique.
Les entraînements, de deux heures, mettent à contribution endurance, force, souplesse et précision. Mais l’engagement dépasse le simple effort physique. L’entraide fait partie intégrante de la discipline, chacun observe et corrige l’autre, et le collectif prime. Pour beaucoup, le viet n’est pas seulement un art martial mais une communauté, un cadre où l’on progresse ensemble.
Au-delà des entraînements, le Vovinam s’ouvre également à des événements culturels comme le festival Vietnamia, prochainement, qui rassemblent les passionnés d’Asie et renforcent le sentiment d’appartenance.
Même si l’art martial reste relativement discret en Gironde, il est solidement implanté et continue de se développer. Son mélange de tradition, de rigueur et d’humanisme séduit ceux qui souhaitent bien plus qu’un simple sport.
Marie Godde
Crédit photo : Marie Godde


