LA PERSÉVÉRANCE DE LAURA LEWIS
La gymnaste rythmique de l’ASGV a garni son armoire à trophées de deux médailles nationales cette année, une d’argent en individuelle et une de bronze par équipes. Une apothéose à l’heure de conclure sa carrière.
La patience a ses vertus. Et finit bien souvent par être source de récompenses. Laura Lewis en sait quelque chose. A 25 ans, au bout de sa carrière de gymnaste rythmique, la sociétaire de l’Association Sportive Gymnastique de Villenave d’Ornon (ASGV) a sacrément embelli son parcours sportif.
Avec en guise d’aboutissement, une médaille d’argent aux championnats de France individuels au coeur de l’hiver avant de remettre le couvert en équipe cette fois avec la troisième place décrochée par les villenavaises lors des épreuves nationales fin mai dernier à Paris. De quoi donner un coup de canif à la modestie de Laura qui aime par dessus tout placer le collectif comme priorité : « Je suis assez mal à l’aise de me mettre en avant car je me sens plus épanouie en accompagnant les autres, je suis beaucoup dans l’altruisme. Mais ces médailles représentent beaucoup pour moi. Elles viennent boucler parfaitement ma carrière de gymnaste. C’est une belle façon de mettre le mot fin sur toutes ces années magnifiques au service de mon sport. »
Des aptitudes pour la gymnastique qui sont apparues très tôt : « Je faisais de la danse dès l’âge de 3 ans et je me suis tournée vers la gym dès 6 ans. J’étais dynamique, j’avais la bonne morphologie » se remémore Laura dont les qualités sautent rapidement aux yeux : « J’ai eu le choix d’intégrer un sport études mais pas en Gironde ou alors de rester m’entraîner avec mon club de Villenave tout en poursuivant ma scolarité chez moi avec ma famille. J’ai opté pour la deuxième solution. »
Une bonne pioche pour la girondine qui gère alors parfaitement les deux pendants de sa vie avec une montée en puissance niveau gym et des études brillantes avec l’obtention l’an dernier d’un master en montage de projets internationaux après une licence de langues et relations internationales. Idéal pour la jeune femme qui peut se targuer de parler anglais, espagnol ou portugais : « Je sers souvent d’interprète aux étrangères qui arrivent au club. Mais j’ai un emploi du temps chargé entre la gym et le travail. Heureusement, mon employeur me facilite les choses. »
Il m’empêche que Laura vit des journées à rallonge. « L’an dernier j’entraînais aussi au club en plus d’être encore en activité. C’est pour ça que j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière cet été. C’est un choix, c’est mieux quand il est décidé. Mais je reste quand même auprès de l’équipe dans un rôle de coach. Je n’arrête pas tout » explique la vice-championne de France, qui excelle sur la partie artistique de sa discipline.
Elle revient sur cette année hors norme : « Le fait d’être accompagnée par Carine Larraque, une préparatrice mentale depuis 2022, m’a fait passer une étape. Le concours individuel, c’est 1’30’’ de programme où on ne doit pas se louper. J’avais en plus la pression car je ne voulais pas décevoir les nombreuses personnes qui me soutiennent, qui sont derrière moi. Mon objectif était de maîtriser la totalité de mon programme. J’aime en plus proposer quelque chose de différent, de me mettre en danger. J’aime dire d’ailleurs que je ne fais pas un enchaînement mais que je le partage. J’ai une mère musicienne, elle m’a appris à savoir écouter, à ressentir la musique. C’est important de pouvoir se calquer sur cette musique d’autant que je suis quelqu’un qui tente de gérer la pression. Des fois, c’est le plus dur dans notre discipline. Cette médaille individuelle, c’est aussi la récompense de 17 ans de bataille mentale. »
Une médaille suivie d’une autre quelques semaines plus tard, tout aussi belle voire plus belle dans la bouche de Laura qui n’oublie jamais le collectif : « Obtenir cette médaille en équipes avec notre groupe, c’est inoubliable. Il ne faut pas oublier que la section de gymnastique rythmique n’a que quatre ans de vie de compétition. Nous sommes montées au plus haut niveau (Division Nationale 1) voici trois ans dans la peau du petit poucet et nous obtenons une médaille de bronze lors des championnats de France par équipes. C’était un rêve pour nous toutes, pour nos coachs, pour ma soeur Zoé qui fait aussi partie de l’équipe. Pour moi, ça a été un moment très fort. On se dit entre nous, qu’impossible n’est pas Villenave. C’est une vraie victoire du club, impensable et c’est beau.»
Des moments très forts que Laura va vivre autrement désormais, mais tout aussi intensément.
Vincent Ferrandon
Crédit photo : Annie Photographies