SIFFLET BIEN HAUT POUR OLIVIER THUAL
Après plus de vingt saisons à officier comme arbitre central en Ligue 1 ou Ligue 2, l’arbitre de Gironde Olivier Thual a dirigé son dernier match samedi. Retour sur une carrière riche et exemplaire emprunte de respect et d’humanité.
La décision était prise. Cette saison 2024-2025 serait sa dernière dans le monde de l’arbitrage. A 48 ans, Olivier Thual a rangé son sifflet après un ultime match de Ligue 2 samedi dernier. Un Rodez-Clermont, riche en émotions, qui restera gravé dans sa mémoire. Le lendemain, l’homme en noir a aussi reçu un ultime hommage de ses pairs avec un troisième trophée UNFP de meilleur arbitre de Ligue 2.
Une fin en beauté pour cet arbitre humble et qui place l’humain tout en haut de ses principes. Un Olivier Thual qui officiera samedi en tant que quatrième arbitre sur la rencontre de Ligue 1 Saint-Etienne-Toulouse dans un stade Geoffrey-Guichard annoncé plein à craquer. Reconverti comme conseiller en immobilier Safti sur la Rive Gauche de la région bordelaise, le sport et le football ne resteront pas loin de ce passionné de sport. Un désormais ex-arbitre de très haut niveau qui ouvre en grand pour sports33.fr sa boîte à souvenirs.
Les débuts dans l’arbitrage
J’étais à la base un joueur de foot. Je jouais en minimes mais une maladie a fait que je n’avais plus le droit de prendre de coups sur mon tibia. J’ai alors opté pour l’arbitrage à ce moment-là et tout est partie de là.
Le premier match
Je me souviens qu’il s’agissait d’une rencontre à Lège. J’avais 15 ans. Il me semble que le match opposait Lège à Andernos. Je me rappelle encore que la partie avait débouché sur un gros score.
Le premier match en Ligue 1
J’ai débuté par une rencontre de Ligue 2 entre Niort et Amiens en 2002. Quant à mes débuts en Ligue 1, ils datent de l’année suivante avec le match Toulouse-Lille. Mais j’avais eu déjà l’occasion de me familiariser avec le milieu en étant quatrième arbitre en Ligue 1. Cela avait eu le mérite de me permettre d’apprendre à connaître le contexte entourant un match pro.
Un moment marquant sur le terrain
Je ne pourrai pas ressortir un moment en particulier. Ce qui me reste avant tout, ce sont tous ces moments sympathiques avec les joueurs, avec les entraîneurs sur le terrain. Je retiens cette relation humaine.
La plus belle satisfaction
C’est d’avoir eu le parcours que j’ai eu. Et je vois que ces derniers temps, ça se passe très bien. Ces derniers jours, j’ai reçu de l’attention de la part du milieu du football avec des messages de joueurs, de coachs. C’est l’aspect humain qui ressort finalement.
La situation la plus délicate
Les situations délicates sont finalement liées à l’arbitrage. On doit traverser des moments difficiles qui peuvent exister dans les clubs. Ça crée beaucoup de tensions, nous sommes alors attendus au tournant. Mais j’ai toujours pris du plaisir en arbitrant une rencontre, toujours été content d’être sur le terrain.
Quel est le joueur le plus marquant rencontré?
Il s’agit de Julien Sablé. En 1998, j’ai arbitré la finale de la coupe Gambardella entre le Paris SG et Saint-Etienne, gagnée par les Verts. Julien Sablé était le capitaine de l’ASSE. Plus tard, je l’ai arbitré en pro quand il était à Saint-Etienne ou Bastia puis lorsqu’il était entraîneur de Nice. Il se souvenait de cette finale et nos échanges ont toujours été bons. On s’est suivi en quelque sorte.
Le match qui ressort?
C’est le dernier samedi dernier car c’est encore tout frais. Mais sinon, je me souviens de tous ces gens rencontrés au fil de ces années. J’ai aussi le souvenir de tous les voyages effectués en Europe grâce à l’arbitrage. J’ai visité plein d’endroits que je n’aurai pas connu sans ça. J’ai appris beaucoup de choses.
Votre plus grosse galère ?
Sans hésiter, il s’agit d’un match à Metz. Avec mon juge de touche, nous roulions à bord d’une voiture de location qui est tombée en panne sur l’autoroute. Il neigeait en plus de ça. Nous sommes arrivés à l’hôtel à Metz à quatre heures et demie du matin. Je me souviens que le délégué du match nous avait demandé si nous avions fait bon voyage avant la rencontre. Ça nous avait bien amusé.
La dernière saison
J’ai eu la chance de décider, que ce ne soit pas un choix imposé. C’est mon choix à moi et à personne d’autres car je voulais que ça se termine bien. Il n’y a plus de limite d’âge dans l’arbitrage mais c’est comme ça que je voulais finir. C’est aussi symbolique car un de mes assistants, Stéphane Panon stoppe aussi sa carrière cette saison. L’autre assistant Youssef El Hamzaoui, lui continue. Il est plus jeune.
Le dernier match
Il s’agissait de la rencontre entre Rodez et Clermont. Avec Stéphane, nos familles, nos amis avaient fait le déplacement en Aveyron. C’était émouvant. Et puis, j’ai eu la surprise de voir mes enfants m’accompagner sur le terrain à l’entrée des joueurs. Je n’étais pas au courant de cette initiative. Le club de Rodez a été vraiment très bien, celui de Clermont aussi. Quant à l’émotion, j’ai eu la chance d’arbitrer un match à enjeu puisque Clermont jouait son maintien. Ça m’a empêché de cogiter. J’étais concentré sur le jeu, sur le match et c’était très bien ainsi.
Le trophée de meilleur arbitre de Ligue 2
J’ai eu la chance de poursuivre ce week-end par la cérémonie des remises des trophées UNFP et d’être désigné pour la troisième fois meilleur arbitre de Ligue 2 après les prix de 2016 et 2022. Avec Stéphane Panon mon assistant, nous souhaitions être nominés pour finir là-dessus. C’est ce qui s’est passé. C’est une reconnaissance qui fait plaisir.
L’après-foot
J’ai déjà débuté ma reconversion en tant que conseiller immobilier pour Safti où j’officie sur la Rive gauche bordelaise. Mais le foot ne restera pas loin. J’ai passé mon BMF. Le rôle de coach-éducateur me plait aussi beaucoup. J’ai également été contacté par François Grenet, le président de la Ligue de Nouvelle-Aquitaine pour m’occuper de l’arbitrage régional. Et puis, je pense aussi faire ma demande auprès de la FFF pour être observateur.
Vincent Ferrandon
Crédit photo : DR
Légende : Olivier Thual, lors de son dernier match Rodez-Clermont samedi dernier aux côtés de ses deux enfants et de ses assistants.
